L’exemple le plus évident est celui des montres automatiques qui fonctionnent sans piles. Les mouvements du poignet effectués tout au long de la journée, permettent de la remonter.
Michel DEMUYNCK, doctorant en biomécanique à la chaire de recherche industrielle en technologies intra-auriculaires (CRITIAS), à Montréal travaille au sein d’un laboratoire de recherches et tente de comprendre comment les déformations de l’oreille pourraient être un jour, utilisées pour produire de l’énergie.
UNE ALTERNATIVE AUX PILES
Selon une étude, un adulte sur quatre serait concerné par une forme de déficience auditive en France (1).
Les personnes équipées d’aides auditives, voient leur qualité de vie améliorée. La plupart des aides auditives fonctionnent avec des piles. Ces piles sont polluantes et doivent être changées fréquemment. Autre inconvénient, elles demandent une certaine précision dans la manipulation lors de leur changement. Utiliser l’énergie du corps a l’avantage de ne pas polluer.
LES DÉFORMATIONS DU CONDUIT AUDITIF, ÉNERGIE RENOUVELABLE
La mâchoire et le conduit auditif sont très proches. Les mouvement émis par la mâchoire déforment le conduit auditif. Pour s’en rendre compte, il suffit de mettre un doigt dans l’oreille pendant que l’on mange, que l’on parle ou que l’on baille.
Michel DEMUYNCK indique que « bouger la mâchoire fait varier le volume de l’oreille, comprimant les tissus autour du conduit auditif, modifiant ainsi sa forme ». « Cette pression créée de l’énergie mécanique, qui peut être transformée en énergie électrique ». Des chercheurs tentent de savoir si ces déformations pourraient alimenter une technologie intra-auriculaire.
DES RÉSULTATS ENCOURAGEANTS
Grâce à un bouchon équipé de matériaux dits piézoélectriques (qui créent un signal électrique lorsqu’ils se déforment), placé à l’endroit où la déformation va avoir lieu, on obtient de l’énergie électrique qui peut être utilisée immédiatement ou stockée. Michel DEMUYNCK précise qu’une étude menée par ses collègues en 2020, révèle qu’en mangeant pendant 10 minutes, on peut générer jusqu’à 22% d’énergie nécessaire pour une journée de fonctionnement d’une aide auditive. Un déjeuner de cinquante minutes suffirait à alimenter une aide auditive toute une journée. Le fait de mâcher un chewing-gum ou discuter permettrait également de fournir l’énergie nécessaire.
STOCKER L’ÉNERGIE RÉCUPERÉE A L’INTÉRIEUR DE L’OREILLE
Les déformations du conduit auditif qui représentent une énergie mécanique, doivent être transformées en énergie électrique pour pouvoir être stockées dans une batterie. Les bouchons de matériaux piézoélectriques ont un coefficient de conversion trop bas. En effet, ils ne peuvent convertir qu’environ 15 % de l’énergie mécanique en énergie électrique ; ce qui voudrait dire qu’il faudrait, compter 10 heures de mastication pour obtenir l’énergie nécessaire.
UN PROTOTYPE POUR BIENTÔT ?
Dans quelques années, un prototype pourrait voir le jour. Les composants électroniques évoluent il sera donc possible d’améliorer le taux de conversion. Autre point, il s’agit de trouver l’endroit idéal où positionner les capteurs.
L’énergie apportée par l’oreille, pourrait dans un premier temps, être utilisée comme un complément énergétique. Un peu comme les voitures hybrides qui font cohabiter moteurs thermiques et électriques.
Alors on peut se poser la question suivante : Pourquoi l’énergie du corps humain ne rejoindrait-elle pas bientôt les autres sources d’énergies renouvelables ?
[1] Selon une étude menée par une équipe de recherche de l’Inserm et d’Université Paris Cité, en collaboration avec l’AP-HP et l’hôpital Foch à Suresnes (juin 2022) :
https://presse.inserm.fr/surdite-une-etude-suggre-quun-francais-sur-quatre-serait-concernes-par-une-forme-de-deficience-auditive/454
