La découverte d’un lien entre la perte auditive et la maladie d’Alzheimer représente une avancée significative dans notre compréhension des facteurs de risque liés à cette maladie neurodégénérative. Longtemps soupçonné, ce lien a été étayé par des recherches récentes, suggérant que les troubles auditifs pourraient non seulement précéder, mais aussi potentiellement aggraver l’évolution de la maladie d’Alzheimer.
Mémoire et audition : une interaction cruciale
L’interaction entre notre capacité auditive et nos fonctions cérébrales, notamment la mémoire et l’attention, est fondamentale. La recherche de 2014 dirigée par JoAnn Tschantz à l’Université de l’Utah a souligné cette corrélation en montrant qu’une perte d’audition même légère peut accélérer le déclin cognitif. Parallèlement, les travaux du GRAP (Groupe de Recherche Alzheimer Presbyacousie) en 2007 ont indiqué que la presbyacousie double le risque de développer l’Alzheimer, renforçant l’idée que préserver notre audition est essentiel pour le maintien de notre santé cérébrale.
“Ainsi, le lien entre la perte auditive et le déclin cognitif était pressenti mais ces études récentes l’établissent de manière beaucoup plus claire”, explique le Dr Arach Madjlessi, gériatre à Paris et président de la Société Française de Réflexion Sensori-Cognitive. “Une personne augmente ses risques de développer une maladie de la mémoire à partir d’une perte de 25 dB (deux fois plus de risques) et a cinq fois plus de risques de développer une démence sénile à partir d’une perte de 40 dB.”
L’importance cruciale de l’appareillage
Ignorer une perte auditive peut conduire à un isolement nuisible, diminuant les stimulations cérébrales nécessaires et augmentant le risque de troubles cognitifs, comme l’Alzheimer. L’étude de l’Université de l’Utah a illustré que sans correction auditive, les individus connaissent un déclin cognitif plus rapide. L’appareillage auditif se révèle donc non seulement vital pour améliorer l’interaction sociale mais également comme une stratégie préventive essentielle contre le déclin cognitif, soulignant l’urgence d’une prise en charge auditive adaptée dès les premiers signes de perte auditive.
La correction auditive comme prévention
L’appareillage auditif émerge donc comme une stratégie prometteuse pour réduire le risque d’Alzheimer, suggérant un lien étroit entre la correction auditive et la prévention du déclin cognitif. Des recherches en cours, notamment celles menées par l’Inserm de Bordeaux sur une cohorte de 4000 individus âgés de plus de 65 ans sur une période de 25 ans, visent à évaluer l’impact des aides auditives sur le retardement de l’apparition de la démence sénile. Ces études suggèrent que l’utilisation d’appareils auditifs peut jouer un rôle crucial dans le maintien des fonctions cognitives en facilitant la communication et l’interaction sociale, éléments clés pour stimuler le cerveau.
En corrigeant la perte auditive, les aides auditives aident à maintenir une vie sociale active, réduisant ainsi l’isolement qui peut accélérer le déclin cognitif. Cette correction peut potentiellement retarder ou même prévenir l’évolution vers des troubles cognitifs sévères, comme l’Alzheimer, offrant une lueur d’espoir pour de nombreuses personnes confrontées à la perspective de ces maladies dégénératives.
Prévenir les risques
Pour prévenir l’aggravation de la perte auditive et ses effets sur la santé cognitive, adoptez les mesures suivantes :
- Évitez les expositions prolongées aux bruits forts : protégez votre audition lors d’activités bruyantes en utilisant des protections auditives. ;
- Maintenez des interactions sociales régulières : engagez-vous dans des conversations et activités sociales pour stimuler votre cerveau ;
- Pratiquez une activité physique régulière : l’exercice améliore la circulation sanguine, bénéfique pour l’audition et la fonction cognitive ;
- Adoptez une alimentation équilibrée : consommez des aliments riches en nutriments essentiels pour la santé de l’oreille interne et du cerveau ;
- Traitez les facteurs de risque cardiovasculaires : gérez le diabète, l’hypertension et d’autres conditions qui peuvent affecter l’audition.
Ces actions contribuent ensemble à une meilleure santé auditive et cognitive, minimisant le risque de déclin cognitif.
En conclusion, la prise de conscience du lien entre la perte auditive et la maladie d’Alzheimer souligne l’importance cruciale de l’audition pour la santé cognitive. Prendre soin de notre audition est donc non seulement un acte de bien-être personnel, mais aussi une stratégie proactive pour protéger notre cerveau et notre mémoire. Et les efforts de recherche continuent d’éclairer notre compréhension de ces liens complexes, renforçant l’espoir d’interventions plus efficaces dans l’avenir.