Pour exercer le métier de bruiteur il faut savoir écouter les sons entendus et les analyser afin de définir leurs caractéristiques les plus remarquables. Il s’agit ensuite de pouvoir les reproduire de telle sorte que le spectateur les identifie sans la moindre hésitation. C’est pourquoi un bon bruiteur est quelqu’un d’inventif, capable de faire le lien immédiat entre un son produit par un objet, et un son généré par un objet différent. Par exemple, lorsque l’on moud du café avec un vieux moulin à manivelle, le bruiteur entendra le son d’un carrosse dans la cour gravillonnée d’un château. C’est cette capacité de comparaison entre un son perçu et ceux qu’il garde en mémoire qui permet au bruiteur d’imaginer le procédé à employer pour recréer artificiellement un bruit particulier

Pourquoi recréer des sons

Sur le tournage d’un film, on se concentre sur l’enregistrement de la voix. Les autres sons sont en général éliminés. En effet, le micro capte tous les bruits en même temps, incapable, contrairement au cerveau humain, de différencier et d’isoler une conversation au milieu d’une foule, par exemple. Le bruitage permet d’éviter la cacophonie en reconstituant et en spatialisant les sons autour de la voix, c’est à dire en leur donnant une intensité différente. Par ailleurs on n’enregistre pas tous les sons sur un tournage. C’est le cas de ceux qui se situent hors champs. Si un personnage sort du champ de la caméra et claque une porte, l’acteur ne le fait pas, c’est le bruiteur qui crée ce son. La plupart des actions qui apparaissent à l’écran ne produiraient pas autant d’effet si elles n’étaient pas sonorisées. Les pas d’une jeune fille qui marche sur un carrelage seraient presque inaudibles. Le bruiteur recrée donc le bruit des pas, de manière personnalisée. En effet, une jeune danseuse svelte ne se déplace pas de la même façon qu’un homme âgé marchant avec l’aide d’une canne. Il faut alors recréer le rythme, la vitesse, le style de cette marche. De la même manière qu’en photographie, le numérique permet de retoucher des sons afin de les rendre plus conformes à ce que l’on imagine.

Des sons synchrones 

Après avoir visionné une première fois le film, le bruiteur travaille ensuite séquence par séquence, personnage par personnage, action par action. Tout est découpé en plusieurs pistes : les différentes interventions d’un personnage (manipulations, actions avec d’autres personnages, etc.) sont « bruitées » sur des pistes séparées. Le bruiteur essaie de bruiter ce qu’il voit, ce qui exige une grande attention de sa part. Une fois que les sons obtenus sont bons, le travail sur ordinateur permet de les caler par rapport à l’image. L’enregistrement des bruitages sur la bande son se déroule d’une manière comparable au doublage. Une bande défile sous l’image, avec les indications des temps synchrones pour tel ou tel bruit. Le tout est enregistré sur des pistes sonores et mixé ensuite.

Atelier créatif: détourner des objets pour imiter la réalité

Voici quelques trucs qu’utilisent les bruiteurs afin de recréer des sons. Le décalage entre les objets utilisés et le son à imiter est parfois très cocasse. Saurez-vous faire aussi bien qu’un vrai bruiteur? Tous en piste!
● Bruit du feu
Crevez les bulles d’air d’une feuille de papier bulle. Le réalisme dépend du rythme d’éclatement des bulles d’air.
● Course d’un cheval
Frappez alternativement des entonnoirs sur une table.
● Démarrage d’un métro
Actionnez une essoreuse à salade très rapidement.
● Envol d’un oiseau
Agitez 2 gants de vaisselle en caoutchouc.
● Friture
Froissez du papier cellophane.
● Pluie sur une bâche ou une verrière
Versez du riz sur un parapluie ouvert. Modulez la hauteur et la distance du micro afin d’obtenir l’effet désiré.