Perte auditive et Alzheimer : un lien établi

De récentes études ont démontré ce que l’on soupçonnait déjà depuis de nombreuses années : il existe un lien entre la perte auditive et la maladie d’Alzheimer. Plus précisément, les troubles auditifs pourraient constituer un facteur favorisant l’apparition ou l’évolution de cette maladie dégénérative.

Environ 900 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer aujourd’hui en France1. La mémoire se nourrissant des informations que lui procurent vos 5 sens et en particulier l'ouïe, il est logique de s’intéresser au lien qu’il peut y avoir entre la maladie et les difficultés auditives, voire la perte de celle-ci.

Mémoire et audition : un lien étroit

C’est cette relation qu’ont notamment tenté de mettre en valeur différentes études récentes. Ainsi, en mars 2014, l’équipe de JoAnn Tschantz, du département de neurologie de l’université de l’Utah (Etats-Unis) a conclu qu’il existait une association clinique significative entre la perte auditive et le déclin cognitif. Les personnes atteintes d’une perte d’acuité auditive présentent ainsi un taux accéléré de diminution des fonctions orchestrées par le cerveau (mémoire, attention, calcul, expression) et un risque accru de déficience de ces fonctions (source : Gurgel RK et al. Relationship of Hearing Loss and Dementia : A Prospective, Population-Based Study, 21 mars 2014). En 2007 déjà, le Groupe de Recherche Alzheimer Presbyacousie (GRAP), avait publié une étude montrant que les cas d’Alzheimer sont deux fois plus fréquents chez les personnes âgées présentant une presbyacousie . Ainsi, le lien entre la perte auditive et le déclin cognitif était pressenti mais ces études récentes l’établissent de manière beaucoup plus claire, explique le Dr Arach Madjlessi, gériatre à Paris et président de la Société Française de Réflexion Sensori-Cognitive. Une personne augmente ses risques de développer une maladie de la mémoire à partir d’une perte de 25 dB (deux fois plus de risques) et a cinq fois plus de risques de développer une démence sénile à partir d’une perte de 40 dB.

Existe-t-il un lien physiologique entre la démence et la perte auditive ?

Certains chercheurs évoquent en effet cette possibilité. En d’autres termes, la défaillance du système auditif pourrait avoir comme origine un processus biologique identique au développement de la maladie d’Alzheimer. Il pourrait également exister un facteur génétique ou environnemental qui entraînerait en même temps perte auditive et démence. S’il y a des facteurs génétiques qui prédisposent une personne à développer la maladie, toutes les personnes concernées ne la développent pourtant pas. Les scientifiques réfléchissent ainsi aux interactions entre environnement et génétique et à leurs effets sur le développement de la maladie.

Lorsque l’audition flanche…

La perte d’audition entraîne un isolement social avec une diminution des stimulations sensorielles. L’absence de communication avec les autres provoque ainsi un repli sur soi qui peut favoriser le développement de la maladie d’Alzheimer par un manque de sollicitation intellectuelle. Les personnes rencontrant des difficultés auditives mobilisent des ressources énergétiques cérébrales au profit de l’audition et aux dépens d’autres zones du cerveau. Autrement dit, l’importance des ressources que doit consacrer le cerveau au déchiffrage de mots que la personne n’entend pas bien agit au détriment de ses autres fonctions. C’est ce qui arrive par exemple dans un lieu bruyant où il est difficile d’entendre à travers le bruit ambiant et que l’effort fourni s’avère très fatiguant. L’effort devient alors nocif pour le cerveau sur le long terme.

La correction auditive pour réduire le risque d’Alzheimer

Les chercheurs pensent que s’équiper lorsque l’on souffre d’une déficience auditive pourrait constituer un moyen de prévenir la maladie d’Alzheimer. Des études en cours (notamment par l'Inserm de Bordeaux sur près de 4 000 individus âgés de 65 ans ou plus et sur une période de 25 ans, ou par le GRAP, Groupe de Recherche Alzheimer Presbyacousie) sont ainsi menées afin d’évaluer l’impact de l’utilisation d’aides auditives pour retarder l’apparition de la démence sénile. Enfin, si la perte auditive est directement liée à la maladie d’Alzheimer et si sa correction peut donc freiner son évolution, la surveillance du niveau d'acuité auditive pourrait également devenir, à terme, un nouvel indicateur du risque de développement de cette maladie.

Prévenir les risques

Il est impossible d’empêcher totalement la perte auditive car des facteurs génétiques en sont responsables. On peut toutefois éviter les traumatismes sonores, les médicaments toxiques pour l’oreille (comme certains antibiotiques, diurétiques, salicylates, aspirine et drogues apparentées, certaines drogues ordonnées contre le paludisme et certains anticancéreux) et traiter les facteurs de risques cardiovasculaires comme le diabète, qui ont un impact négatif sur le système auditif. Pour éviter les maladies de la mémoire, il est bon de privilégier les interactions sociales et les stimulations intellectuelles, d’avoir des activités physiques régulières ainsi qu’une alimentation équilibrée.

Des traitements pour la maladie d’Alzheimer ?

La maladie d’Alzheimer est incurable à ce jour, mais des traitements pour les symptômes sont disponibles et la recherche continue. Bien que les soins actuels ne puissent pas empêcher la maladie de progresser, ils peuvent temporairement ralentir l’aggravation des symptômes et améliorer la qualité de vie des personnes qui en souffrent et des personnes qui les accompagne. Aujourd’hui, un effort à l’échelle mondiale est en cours pour trouver de meilleures façons de traiter la maladie, retarder son apparition et empêcher son développement.

1 : ministère de la Santé, 2015

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